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Claire Pelletier (YEO FRAIS) : « Le sujet du réemploi est un sujet collectif »

Le 19 juillet 2023 à 15:23

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Laiterie toulousaine, YEO FRAIS revendique un fort ancrage local. Comme la majorité des industriels de l’agroalimentaire, elle n’a pas échappé ces dernières années à une réflexion autour de ses emballages. Claire Pelletier, cheffe de projet emballage et éco-conception au sein de l’entreprise, a répondu à nos questions.

Claire, présentez l’entreprise YéO frais…

YéO frais est une laiterie qui fabrique des yaourts et de la crème, basée à Toulouse. Nous travaillons principalement pour les marques de distributeur (Carrefour, Intermarché, …) et la RHF (cantines, hôpitaux, …). Nous développons également une marque locale qui s’appelle YOgourmand que nous vendons seulement en Occitanie. De la même manière, nous transformons principalement le lait des éleveurs d’Occitanie.

Vous venez de l’évoquer : la notion de territoire, de local est très présente dans les valeurs de YéO frais…

Tout à fait, principalement sur notre marque YOgourmand d’ailleurs, même si elle ne représente pas le gros de nos volumes. Mais elle est notre vitrine, notre zone d’expérimentation... On a la volonté, du fait de notre localisation à Toulouse, d’avoir un fort ancrage local.

Passons à un enjeu majeur pour les industriels, celui de l’emballage. Qu’en est-il au sein de YéO frais ?

Comme pour beaucoup de PME de l’agroalimentaire, il y a vraiment eu une transformation ces dernières années, avec le contexte de prise de conscience, à la fois de la part des consommateurs et des industriels, et les enjeux réglementaires qui ont explosé. Cela s’est traduit de manière directe dans le cahier des charges. Quand je suis arrivée chez YéO frais il y 3 ans, il a d’abord fallu structurer l’activité de développement emballage, récolter des données afin de mettre en place une feuille de route sur le moyen/long terme.

Il y a 3 ans, la loi venait tout juste de passer et indiquait que les emballages en polystyrène devaient être recyclables d’ici 2025, sous peine d‘être interdits. Il fallait alors basculer sur un autre matériau ou alors créer la filière de recyclage. Or, toutes les entreprises fabriquant des produits laitiers forment eux-mêmes leur pot. Chez YéO frais , nous avons un parc machines de plusieurs millions d’euros basé sur ce système-là et un changement de matériau aurait alors signifié basculer sur un autre plastique, qui n’était pas recyclable non plus ! Nous nous sommes alors réunis avec les différentes parties prenantes et nous avons créé la filière de recyclage avec Citeo.

Avez-vous depuis modifié tout ou partie de vos emballages ?

Après avoir effectué l’état des lieux de nos emballages, nous nous sommes fixés des objectifs : un axe de réduction avec l’objectif de développer des produits à l'impact environnemental réduit et moins de quantité d’emballage utilisée, un deuxième axe autour de la fin de vie du produit afin d’assurer une recyclabilité optimale, et enfin un troisième avec une réflexion autour de l’origine de la matière afin d’y intégrer par exemple du carton ou des matières recyclées.
Une fois cette analyse effectuée, notre réflexion était la suivante : comment améliorer au global nos éléments d’emballages ? Sur la partie réduction, il nous restait encore des éléments d’emballage en carton qui avait des fonctionnalités limitées, purement marketing, que l’on a supprimé. Cela a été un gros projet de plus d’un an et nous a notamment amené à revoir nos lignes de production… L’autre projet a été de pousser un système d’emballage appelé « la fontaine à yaourt » de 1.5L avec une quantité d’emballage moindre.

"L’évolution du réemploi va dépendre de la capacité de chaque acteur de la chaine de se réinventer"

Autre sujet phare du moment : le réemploi. Est-ce un phénomène à l’étude pour les pots de yaourt ?

Cela fait complètement partie des choses que l’on regarde, même si l’on a plusieurs défis à relever dans notre secteur. Ce sont des produits de grande consommation c’est-à-dire qu’on mange un yaourt tous les jours, tous les deux jours... Il y aurait alors beaucoup de pots vides à ramener. Ce sont aussi des produits fragiles donc il y a des enjeux d’hygiène très forts.

On pense vraiment que le sujet du réemploi est un sujet collectif. D’un point de vue environnemental, cela peut fonctionner si on a tous les mêmes pots, on a déjà défini des standards. Désormais, CITEO travaille avec des verriers qui les fabriqueraient et sur lesquels nous pourrions nous positionner.
Le deuxième défi, c’est le maillage : il faut des personnes qui récupèrent ces pots, qui les lavent. On échange avec des start-ups qui cherchent à développer cet aspect dans la région. Et ensuite, il faudra de notre côté procéder à des énormes changements, puisque l’agroalimentaire a vraiment travaillé à sortir le verre de ses usines ces dernières années, afin de réduire les risques de morceaux de verre dans les produits en vente. On a tout un tas de défis à relever pour faire un pot remployable.

En revanche, ce que l’on s’est déjà décidés à faire, c’est de regarder comment passer au réemploi sur les plateaux de transport. Une fois prêts, nos yaourts sont positionnés dans des cartons de 24 ou 48 pots, qui sont nos unités de vente aux distributeurs. C’est sur ces colis-là qu’il y a la possibilité d’utiliser des plateaux réemployables. On a créé un groupe de travail afin de se pencher sur le sujet.

Concernant le réemploi, le consommateur a également un rôle à jouer...

Si on veut changer l’emballage, il faut challenger la façon dont on produit mais aussi dont on consomme. L’évolution du réemploi va dépendre de la capacité de chaque acteur de la chaine de se réinventer. Est-ce que le consommateur est prêt à changer, avec par exemple la volonté d’acheter ou non des pots de 500 grammes ? Est-ce que les distributeurs sont prêts à stocker tous les emballages vides qui vont revenir ? Et enfin, est-ce que de notre côté on va pouvoir changer l’ensemble de nos lignes de production ? Sur le réemploi, il est facile de se tromper et de mettre quelque chose en place qui augmentera les impacts environnementaux.

Projetons-nous : à quoi ressemblera l’emballage de demain chez YéO frais ?

Ce sera un pot en PS recyclable, qui va ressembler à nos pots de yaourt actuels mais qui sera intégré à une filière de recyclage effective. Et pour l’emballage d’après-demain, si je parle de la conviction qui m’anime et que je porte chez YéO frais , je suis convaincue que nous n’aurons pas qu’une seule solution d’emballage mais plutôt une complémentarité de solutions.
Nous avons par exemple lancé des pots carton 400g et je suis persuadée que l’on pourra lancer des fontaines de plus gros volumes de 3L par exemple pour les plus grandes familles… Il y aura forcément des pots réemployables dans les secteurs où cela peut fonctionner d’un point de vue environnemental.

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