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Yasmine DAHMANE (BIBAK) : « Passer au réemploi peut s’avérer être un énorme chantier »

Le 23 mai 2023 à 15:36

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Yasmine Dahmane est la cofondatrice de BIBAK (ex La Consigne GreenGo). Depuis 5 ans maintenant, BIBAK accompagne les industriels de diverses filières à passer au réemploi et à la vaisselle réutilisable. Un phénomène grandissant, motivé par les contraintes législatives et les velléités écologiques et RSE des différents protagonistes.
Pour Prod&Pack, Yasmine revient sur l’accompagnement proposé par BIBAK, mais aussi sur l’enjeu grandissant autour du réemploi. Entretien.

Yasmine, pouvez-vous nous présenter BIBAK pour commencer ?

On a monté avec mon associé, Lucas, BIBAK (ex La Consigne GreenGo) il y a 5 ans maintenant, bien avant toute la tendance autour du réemploi que nous connaissons aujourd’hui. BIBAK aujourd’hui, c’est 45 personnes. Nous accompagnons différents secteurs tels que la restauration, mais pas que, à passer simplement à un modèle de réemploi pour leur packaging, afin de supprimer ou réduire considérablement le packaging jetable pour mettre en place de la vaisselle réutilisable qui puisse être gérée de manière très simple, ludique et à moindre coût.
On met également au service de nos clients notre tech’ qui est aujourd’hui à un niveau industriel pour atteindre un modèle qui va « scaler » pour pouvoir accompagner nos clients à grande échelle à passer au réemploi. Cette technologie va avoir plusieurs objectifs mais si on veut schématiser notre solution en deux blocs : l’un serait axé « pur traçabilité », qui transmet de la donnée sur les contenants, et un deuxième bloc financier, autour de l’incitation à destination des consommateurs pour rendre leur emballage au bon endroit.

Quels sont aujourd’hui vos principaux clients ?

Pour beaucoup la restauration collective avec laquelle on s’est énormément développés il y a 5 ans. Dans ce domaine, nos plus gros clients sont Sodexo, Elior & Compass et donc à travers eux nous servons des clients finaux tels que Société Générale, Danone…
On s’est depuis 2 ans diversifiés à la fast food, la restauration commerciale, avec des clients tels que Quick et des motivations directement liées à la loi AGEC concernant ce secteur. Au total, nous comptons aujourd’hui plus de 200 clients, issus également de l’agroalimentaire, de la cosmétique et de l’évènementiel.

Concrètement, quelles sont vos missions auprès des industriels, par exemple ceux de la restauration commerciale ?

On va d’abord évaluer la maturité de nos clients par rapport à cette notion de réemploi : s’ils ne sont pas assez avancés dans leur démarche, on peut fournir la vaisselle réutilisable, ou tout du moins leur sourcer. Une fois leurs références validées, l’industriel a ensuite le choix entre nous la louer ou l’acheter pour en être propriétaire.
Ensuite, on va s’occuper de la traçabilité de cette vaisselle. Deux options se présentent alors : soit on va étiquer des QR code uniques soit ce sont des puces RFID. Pourquoi l’une ou l’autre ? Pour résumer, plus vous brassez du volume, plus la RFID va être intéressante car elle va diminuer les manipulations humaines de scan.
Aujourd’hui, les industriels ont besoin de maximiser la rotation de la vaisselle et surtout de la rentabiliser puisqu’elle coûte plus cher que la jetable. Avec cette traçabilité, on va leur donner en temps réel une photographie de leur stock, on va pouvoir quantifier le nombre de réutilisation de tel ou tel contenant, le nombre de vaisselles perdues...
Une fois la donnée maitrisée, BIBAK accompagne également ses clients industriels dans la mise en place de modèles incitatifs qui vont pousser chaque consommateur à rendre le contenant tout d’abord, et au bon endroit surtout. Précision importante : on ne touche pas aux équipements de nos clients : toutes les enseignes de fast food ont une poubelle pour la vaisselle réutilisable qu’ils ont eux-même « brandé ». On va alors intégrer notre technologie dans cette poubelle réutilisable, les capteurs sont invisibles et servent à assurer que le consommateur a bien rendu son emballage.

Aujourd’hui, quels types de services recherchent en priorité les industriels qui font appel à vous ?

Ça commence toujours par la technologie de traçabilité, la récupération de données. Certains capitalisent sur la donnée pour optimiser leur process opérationnel d’inventaires, de stocks, de lavages…

"Aujourd’hui, les industriels sont confrontés à un bouleversement de leur modèle. Ils doivent s’allier et réfléchir ensemble"

Quelles sont les motivations des personnes qui vous sollicitent ? Est-ce uniquement en raison du contexte législatif ou bien ont-ils également des motivations écologiques ?

Globalement, 70% des gens sont motivés mais contraints par la loi AGEC. Et les 30% restants sont des industriels qui ont conscience de l’intérêt du réemploi. Il faut dire qu’il y a une prise de conscience très forte des consommateurs qui fuient désormais la version jetable. J’ai par exemple de plus en pus d’industriels de la cosmétique qui viennent nous voir pour transformer leur emballage. Nous avons également d’autres grandes marques (Coca-Cola, Heineken, …) qui bossent énormément sur la version réutilisation de leur contenant et donc l’optimisation des flux retours.
Toutes les semaines, nous avons des demandes de l’industrie agroalimentaire. Pourquoi ? Parce qu’eux, pour le coup, vont être contraints dès 2027 par la loi AGEC. Dès lors, ils vont devoir justifier de 10% de version réutilisable de leur packaging, ce qui va entraîner une modification de leur production, de leur marketing... Ce sont des gros chantiers et c’est très bien qu’ils s’y préparent dès aujourd’hui.

Concernant par exemple le secteur de l’agroalimentaire, comment cela se traduit-il ? Que mettent-ils en place ?

Aujourd’hui, les industriels sont confrontés à un bouleversement de leur modèle, basé initialement sur le tout jetable. Ils doivent s’allier et réfléchir ensemble aux meilleures options qui s’offrent à eux en termes de standardisation de packaging, logistique, etc. pour tendre vers le zéro déchet. Nous accompagnons ce secteur de plusieurs manières mais surtout sur la manière dont on va collecter les contenants utilisés. Ainsi, nous installons dans les supermarchés des bornes de retour, compatibles pour tous les formats contenants. Le consommateur va pouvoir se faire rembourser instantanément du prix de consigne.

Il y a aussi très souvent le cas de figure où les industriels ont envie de se concentrer sur le réemploi mais ne savent pas par où commencer…

C’est même la grosse majorité. On a l’impression que tout le monde sait comment ça marche, mais pas du tout. Comme je l’ai dit, c’est un énorme chantier. La partie visible de l’iceberg, elle parait simple : « je supprime le jetable et je mets de la vaisselle/ des emballages réutilisables et c’est parti ». Mais dans les faits, c’est bien plus complexe que cela. Il faut la récupérer, l’optimiser... Et ce n’est pas simple. Surtout qu’il y a un enjeu économique derrière : si vous le faites seul ou mal, vous allez perdre de l’argent. Si vous le faites bien, avec des experts comme BIBAK, vous allez rentabiliser votre modèle et mettre en place des parcours conso’ appréciés par les acheteurs et qui entraineront de la fidélisation, une préférence de marque.


Pour plus d'infos sur BIBAK : www.bibak.fr

Mots-clés associés :
prod&pack | industrie | réemploi | consigne | emballages

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